Syrie
République arabe syrienne
CAPITALE : Damas SUPERFICIE : 185 180 km² POPULATION : 19 millions CHEF DE L'ETAT : Bachar el Assad CHEF DU GOUVERNEMENT : Mohammad Naji Otri PEINE DE MORT : maintenue COUR PENALE INTERNATIONALE : Statut de Rome signé CONVENTION LES FEMMES : ratifiée avec réserves PROTOCOLE FACULTATIF A LA CONVENTION SUR LES FEMMES : non signé Janvier - décembre 2005 Contexte : Libération de prisonniers politiques : Emprisonnement pour des motifs politiques : Emprisonnements et torture dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » : Menaces contre les défenseurs des droits humains : « Disparitions » : Torture et mauvais traitements : Discrimination envers les Kurdes : Violences et discrimination envers les femmes : Peine de mort : Le Comité des droits de l’homme : Visites d’Amnesty International |
![]() Archives Syrie. Les Kurdes de la République arabe syrienne un an après les événements de mars 2004 (MDE 24/002/2005). |
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Des restrictions sévères pesaient toujours sur la liberté d’expression et d’association. De très nombreuses personnes ont été arrêtées et plusieurs centaines ont été maintenues en détention pour des motifs politiques, y compris des prisonniers d’opinion et d’autres détenus jugés à l’issue de procès inéquitables. Quelque 500 prisonniers politiques ont toutefois recouvré la liberté à la faveur de deux amnisties. La torture et les mauvais traitements restaient très répandus. Comme les années précédentes, des défenseurs des droits humains ont été harcelés. Les femmes et les membres de la minorité kurde étaient toujours victimes de discrimination. Contexte La Syrie a été de plus en plus isolée à la suite de l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, perpétré à Beyrouth le 14 février. En mai, les Nations unies ont confirmé que la Syrie avait retiré ses troupes du Liban. L’état d’urgence proclamé en 1962 est resté en vigueur. L’accord d’association entre la Syrie et l’Union européenne, signé en octobre 2004 et contenant une clause relative aux droits humains, n’avait toujours pas été approuvé fin 2005. Libération de prisonniers politiques Le 30 mars, une amnistie présidentielle a été décrétée en vue de la libération de 312 prisonniers politiques ; des prisonniers d’opinion figuraient parmi eux. La plupart étaient des Kurdes, incarcérés à la suite de violents affrontements qui avaient éclaté en mars 2004 dans le nord-est du pays. Le 2 novembre, quelque 190 prisonniers politiques, dont des prisonniers d’opinion, ont recouvré la liberté à la suite d’une autre amnistie présidentielle. Ce fut le cas d’Abd al Aziz al Khayyir, arrêté en février 1992 et condamné en août 1995 à vingt-deux années d’emprisonnement pour appartenance au Hizb al Amal al Shuyui (Parti d’action communiste, PAC) à l’issue d’un procès inéquitable mené devant la Cour suprême de sûreté de l’Etat. Ce fut aussi le cas de Haythem al Hamwi, Muhammed Shehada, Yahya Sharabajee et Muatez Murad, des militants associatifs de Darya qui avaient été arrêtés en mai 2003 puis condamnés à des peines comprises entre trois et quatre ans d’emprisonnement à l’issue de procès inéquitables devant des tribunaux militaires d’exception. Musaab al Hariri, un jeune homme qui était âgé de quatorze ou quinze ans au moment de son arrestation le 24 juillet 2002, a également été libéré. Il avait été arrêté peu après être revenu en Syrie avec sa mère en provenance d’Arabie saoudite, où ils s’étaient exilés. Cet adolescent avait été condamné le 19 juin 2005, par la Cour suprême de sûreté de l’Etat, à six ans d’emprisonnement pour son appartenance présumée à Al Ikhwan al Muslimun (Les Frères musulmans). Emprisonnement pour des motifs politiques De très nombreuses personnes ont été arrêtées pour des raisons politiques ; plusieurs dizaines d’entre elles étaient des prisonniers d’opinion. Des centaines de personnes étaient toujours incarcérées à la fin de l’année, certaines uniquement pour avoir exprimé leurs opinions. Beaucoup ont comparu devant la Cour suprême de sûreté de l’Etat ou devant des tribunaux militaires, qui appliquent tous des procédures non conformes aux normes d’indépendance et d’impartialité. Bon nombre des personnes jugées étaient des membres ou des sympathisants présumés de partis politiques interdits, et notamment du Hizb al Ittihad al Dimoqrati (Parti de l’union démocratique), un groupe kurde, des Frères musulmans, du Hizb al Tahrir (Parti de la libération), et du Hizb al Baath al Dimoqrati al Ishtiraki al Arabi (Parti Baas arabe démocratique et socialiste), pro-irakien.
Emprisonnements et torture dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » De très nombreux Syriens accusés d’appartenir à une organisation islamiste salafiste et d’avoir planifié des actes de terrorisme, notamment en Irak, demeuraient détenus et étaient jugés devant la Cour suprême de sûreté de l’Etat. Parmi ces détenus figuraient 16 hommes d’Al Otaybe qui avaient été arrêtés en avril 2004 et 24 hommes de Qatana, arrêtés en juillet 2004. Ils auraient été torturés ou maltraités pendant de longues périodes de détention au secret. Nombreux étaient ceux qui craignaient que par ces arrestations et procès les autorités ne tentent de présenter le pays comme étant sous la menace du terrorisme. Selon des informations de source gouvernementale parues dans la presse et qui n’ont pas été confirmées, en 2005, les autorités syriennes auraient arrêté jusqu’à 1 500 individus qui voulaient, semble-t-il, combattre aux côtés des forces antiaméricaines en Irak. Beaucoup auraient été renvoyés dans leur pays d’origine. Des médias saoudiens et des défenseurs des droits humains ont annoncé au mois de juillet qu’à partir d’octobre 2003 des Saoudiens avaient été arrêtés et torturés en Syrie avant d’être renvoyés dans leur pays.
Menaces contre les défenseurs des droits humains Les défenseurs des droits humains étaient de plus en plus actifs, mais ils ont été confrontés à des arrestations et à des actes de harcèlement. Plusieurs organisations de défense des droits humains non autorisées poursuivaient leurs activités. Au moins 10 défenseurs des droits humains ont été empêchés de se rendre à l’étranger.
« Disparitions » Les autorités n’avaient toujours pas donné d’information sur le sort de milliers de Syriens, de Libanais et de ressortissants d’autres pays qui avaient « disparu » au cours des années précédentes après avoir été arrêtés par les forces syriennes. Parmi eux figuraient environ 17 000 personnes, pour la plupart des islamistes ayant « disparu » après leur arrestation à la fin des années 1970 ou au début des années 1980, ainsi que des centaines de Libanais et de Palestiniens arrêtés en Syrie ou enlevés au Liban par les forces syriennes ou des milices libanaises et palestiniennes. Toutefois, en septembre, le gouvernement a désigné un juge et deux généraux comme représentants de la Syrie au sein d’une commission syro-libanaise chargée d’aborder la question des « disparitions ». Cette initiative a été bien accueillie par les groupes locaux de défense des droits humains, qui ont toutefois déploré le manque d’indépendance de la commission et ses pouvoirs limités. Torture et mauvais traitements Comme les années précédentes, de nombreuses informations ont fait état d’actes de torture et de mauvais traitements infligés à des prisonniers politiques et de droit commun, particulièrement durant les périodes de détention au secret préalables aux procès. Au moins deux détenus seraient morts des suites de sévices.
Discrimination envers les Kurdes Les Kurdes de Syrie continuaient de souffrir de discrimination fondée sur leur identité, et notamment de restrictions frappant l’utilisation de la langue et de la culture kurdes. Des dizaines de milliers de Kurdes étaient de fait apatrides et, comme tels, ne bénéficiaient pas d’un plein accès à l’éducation, à l’emploi, à la santé et à d’autres droits dont jouissent les ressortissants syriens ; ils étaient également privés du droit d’avoir une nationalité et un passeport. En juin, lors de sa première réunion depuis dix ans, le congrès du parti Baas a ordonné un réexamen du recensement de 1962 ; cette initiative pourrait permettre à des Kurdes apatrides d’obtenir la nationalité syrienne. Violences et discrimination envers les femmes Les femmes étaient toujours victimes de discrimination en vertu de toute une série de lois, notamment en matière de mariage, de divorce, de droit de la famille, d’héritage et de nationalité. Elles n’étaient en outre pas suffisamment protégées contre les violences, domestiques ou autres. Ainsi, le Code pénal permet à l’auteur d’un viol d’échapper aux poursuites s’il épouse sa victime, et un homme qui a tué une proche parente coupable d’« adultère » ou d’autres « relations sexuelles hors mariage » peut bénéficier d’une exemption de peine ou être condamné à une peine plus faible que les autres meurtriers. On disposait de peu d’informations sur l’ampleur des violences envers les femmes et peu de cas ont été signalés au cours de l’année.
Peine de mort La peine de mort était toujours appliquée pour toute une série de crimes, mais les autorités n’ont fourni que de rares informations sur l’utilisation de ce châtiment. On ignorait le nombre de personnes condamnées à mort ou exécutées au cours de l’année. Le gouvernement a toutefois informé le Comité des droits de l’homme [ONU] que 27 exécutions avaient eu lieu en 2002 et en 2003, sans préciser s’il s’agissait de l’ensemble des exécutions ou s’il fallait en exclure celles qui avaient été appliquées à l’issue de procès menés devant la Cour suprême de sûreté de l’Etat ou des tribunaux militaires. Dans une interview publiée en août, l’ancien ministre de la Défense Mustafa Tlas a affirmé qu’il avait autorisé la pendaison de 150 opposants politiques par semaine durant les années 1980 ; il a ajouté qu’il avait signé des milliers d’ordres d’exécution sans que les familles des détenus ne soient informées du sort de leurs proches. Le Comité des droits de l’homme Dans ses observations sur le troisième rapport périodique de la Syrie, le Comité des droits de l’homme [ONU] a déploré que la Syrie n’ait pas mis en application les réformes dans le domaine des droits humains qu’il avait recommandées en 2001. Il s’est déclaré préoccupé par le maintien en vigueur de l’état d’urgence, les restrictions imposées à la liberté d’expression et à d’autres droits fondamentaux, les violences et la discrimination envers les femmes, le harcèlement dont faisaient l’objet les défenseurs des droits humains et le recours à la peine de mort. Visites d’Amnesty International Amnesty International et les autorités syriennes ont évoqué la possibilité d’une visite de l’organisation dans le pays, mais aucune décision n’a été prise. Amnesty International n’a pas été autorisée à envoyer une délégation dans le pays depuis 1997. Haut de la page |